mardi 20 mai 2014

Origami, Kirigami , l'art du papier

Aussi léger qu'une feuille de papier ....? Et pourtant...
L'art n'en finit pas d'élargir sa palette, au fil des siècles, en fonction des techniques et technologies nouvelles, qui permettent aussi bien de l'appréhender que de le concrétiser .. L'Extrême-Orient a cultivé, avec un soin particulier,  le raffinement dans l'expression artistique. Avant d'arriver au  Japon et d'y trouver une reconnaissance internationale, certains savoir-faire étaient déjà en pratique  en Chine.  Ainsi en est-il de ces divers procédés de fabrication et  de travail du  papier.
Origami : art du pliage (.折り紙 ) La fameuse cocotte, qui trônait sur quelques bureaux, en était l’emblème, et parfois même, la caricature..Comment ne pas évoquer, également, les "salières" qui égayaient les cours de récréation dans les années 60, et même au delà, en faisant la joie des participants aux  ateliers de travaux manuels ? Mais, d'authentiques artistes ont développé la simplicité de la technique enfantine,  afin de  se livrer à de très savants pliages, pour réaliser de réels  éléments décoratifs. Le pliage devient alors concept de Design, modèle à reproduire,  et on le copie sur des matériaux plus résistants, comme le plastique, la faïence, afin d'en figer la structure. On n'est plus dans le domaine de l'éphémère, du fragile, du réemploi possible, mais dans la fixité d'un élément devenu objet de décoration ( abat-jour, bibelot...).
 voir le site internet du MFPP : (Mouvement français des plieurs de papier)
http://mfpp-origami.fr/lassociation/ 
Kirigami: art du papier découpé.  Si l'on en fait des ribambelles de personnages ou de flocons de neige dès la maternelle, les adultes se sont emparés de l'activité pour l'améliorer, la détourner du seul amusement, et en faire une discipline très au point, requérant minutie et créativité. Si, dans la technique de l'origami,  l'on privilégie la notion de volume , dans celle du kirigami, elle est souvent également présente,  en complémentarité de celle de la perspective. Dans ce cas, l'on peut considérer que les œuvres sont de réelles constructions de papier. 
voir le site internet éponyme  : 
http://www.kirigami.fr/
et celui de l'architecture Kirigami en galerie virtuelle.
Peu coûteuses, ces 2 activités,  autour du papier, rencontrent un franc succès. Elles peuvent se pratiquer aussi bien en classe, en club,  ou chez soi, car elles  ne nécessitent, en effet, que la paire de ciseaux, la feuille de papier et  quelques crayons de couleurs. Mais la patience, l'application, le respect des proportions, la maîtrise des outils,  sont des vertus indispensables pour réussir un rendu de motif abouti, satisfaisant, et..."présentable".
Antoine Guilloppé : auteur, illustrateur, graphiste, publicitaire né en 1971, pratique le kirigami en utilisant la découpe au laser. Connu pour ses albums destinés aux jeunes, pour ses diverses publications et illustrations d'ouvrages, ainsi que pour ses participations à de multiples expositions (dont celle de Lunel le 23 mai 2014 à la Médiathèque), et ses interventions en milieu scolaire, l'artiste affirme une réelle originalité dans un style très poétique. A travers ses découpages en noir et blanc, on s'immerge dans un monde végétal dense, peuplé d'animaux sauvages, d'oiseaux ( ex: dans l'album "Plein soleil"). Si les enfants et les ados sont sensibles à cette figuration particulièrement détaillée et minutieuse, les adultes n'en sont pas moins curieux, et admiratifs. C'est donc un public très large qui est intéressé  par ces productions, avec le questionnement habituel :"Comment fait-on pour obtenir une telle précision dans ces délicats découpages si esthétiques ?"
Pour en savoir plus
http://imagiervagabond.fr/expos/dentelles-de-papier
http://mediatheque.paysdelunel.fr/page/dentelles-de-papier-d-antoine-guilloppe
Autre technique, autre savoir-faire : le travail du papier, celui que l'on appelle "papier Japon" , selon la méthode traditionnelle, et dont l'on fait maints emplois, notamment pour  la restauration de livres et la fabrication des masques. Un nom est indissociable de cette discipline : le papetier     Benoît Dudognon. Rompu à plusieurs formations : en occident (Centre de Conservation du livre à Arles)  et en  Extrême-Orient (auprès d'un grand maître de renommée mondiale) ,  l'artisan applique ses connaissances dans plusieurs secteurs,  en  partageant son expérience professionnelle, sa maîtrise, et son savoir, puisqu'il donne des conférences sur le thème de ses activités,  et participe à des stages de formation.
Conférence du 20 mai 2014 à Nîmes au Carré d'art .
 http://www.atelierpapetier.com/contact/


Lorsque le  pliage est bien plus qu'un passe-temps, ou qu'objet de décoration, il devient alors porteur de message, comme  la pacifique colombe,  sous la forme d'une  grue en papier, symbole de paix,  en mémoire de (佐々木 禎子) Sadako Sasaki.





http://www.dailymotion.com/video/x192r8h_imagine-all-the-people-living-in-peace_creation

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lundi 19 mai 2014

Dédale urbain au Grand Palais

A Paris, au Grand Palais, du 10 mai au 22 juin 2014, la 6e édition de la Monumenta,  sous le titre générique de "L'étrange cité", propose une déambulation urbaine dans une ville  intrigante  et utopique , entre rêve et imaginaire, grâce aux créateurs de l'oeuvre: le  couple d'artistes russes : Emilia et Ilya Kabakov. 
La manifestation est soutenue par le ministère français de la Culture et de la Communication et par le Multimedia Art Museum de Moscou.
L'exposition offre une conception multi-émotionnelle  d'une ville idéale pour une vie meilleure, tournée résolument vers l'avenir .Etrangeté de cette vie, déclinée en espaces multiples, sous l'éclairage cru d'une luminosité dense, l'exposition a de quoi susciter l'interrogation aussi bien que l'étonnement. L'art conceptuel, par son esthétique dépouillée, se voulant neutre, n'est-il pas une expression de la volonté des créateurs à provoquer ce genre d'émotions et d'attitudes? Miser sur  des volumes pour se jouer de la lueur vive que transmet l'immense verrière de la coupole du Grand Palais est,  depuis 2007,  une opportunité artistique intéressante. Une nef  à la mesure de la démesure (surface de 13 500 m² et 45 m de h), pour une exposition d'art contemporain dont on ne trouve aucun équivalent ailleurs. Après D. Buren, A. Kapoor, R. Serra, A. Kiefer, C. Boltanski, les artistes underground engagés : Emilia et Ilya  Kabakov investissent le lieu pour un nouveau temps fort . Le nombre de visiteurs toujours croissant, a doublé depuis la 1ère édition de la Monumenta. Ainsi, en 2012, étaient ils près de 260 000 à venir voir l’œuvre de Daniel Buren:"Excentrique(s)." Et l'on suppose que 2014 verra aussi une fort importante  fréquentation.

D'abord élaboré sur plan, puis monté en maquette, chaque projet (exposition ou décor de théâtre) prend corps dans l'atelier, véritable refuge pour ces artistes russes, qui avouent se dégager du quotidien,  afin de mieux se plonger dans l'univers artistique créatif. Après le centre Pompidou (Paris, en 1995), Berlin (en 1990, le  collectif : Artistes pour la liberté,  le mur abattu est devenu symbole et support artistique ), le retour à Paris se fait donc au
Grand Palais avec la présentation d'une pièce gigantesque,  à la dimension du cadre,  pour une proposition de voyage de l'autre côté du miroir, à la recherche du sens, et de soi-même. Plusieurs techniques, (dont la peinture, la sculpture, l'assemblage), sont représentées dans la construction de l’œuvre, vue comme un parcours à travers sept volumes (dont deux chapelles : l'une blanche, l'autre sombre, et un  centre d'énergie construit sous un angle particulier dit :  cosmique). Le passage des divers  portails, sur le trajet,  est une invitation à l'initiation, et à la réflexion spirituelle, tel le franchissement d'étapes. Les figurines  exposées, dans quelques parties de ces  lieux, sont en lévitation, alignées,  ou volantes : hommes et anges se côtoient donc dans une exposition où, encore une fois, l'architecture et une certaine forme de  spiritualité vont de pair.


 Vidéos des interviews proposées à la télévision  sur Arte :
http://creative.arte.tv/fr/magazine/monumenta-2014-conversation-avec-les-kabakov 

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vendredi 16 mai 2014

Théâtre à Athènes, en mai. θέατρο στην Αθήνα το Μάιο

Dans le centre historique de la  capitale grecque, rue Akadimou, au théâtre Apo Michanis, Από Μηχανής Θέατρο, deux pièces relèvent le défi. Des textes forts qui traversent les époques, se prêtent-ils aux adaptations contemporaines ? Plus d'un s'y sont risqués. Et l'enjeu est aussi indispensable qu'enivrant, tant on a l'impression que les mots porteurs d'émotions sont intemporels, s'adaptent à tous les décors, et peuvent être dits dans maints costumes. Le geste est ajusté, l'intonation est placée, la mise en espace des situations est réglée, toutes les actions théâtrales évoluent, s'adaptent à l'époque, à l'attente du public, certes, mais surtout à une vision sans cesse renouvelée du texte et de l'intrigue. Cependant, la controverse, le sujet délicat , confèrent à l'entreprise certaines difficultés. Mais les maîtres du théâtre ne s'en laissent pas conter, et savent prendre des risques, dans le respect de l'oeuvre et du message intrinsèque.  
Du 5 au 30 mai 2014 : "Voyage au bout de la nuit " de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), offre à l'acteur metteur en scène Akis Vloutis, (Άκης Βλουτής), l'occasion de faire apprécier une fois encore sa maîtrise professionnelle.  Les thèmes de l’œuvre Célinienne originale, leurs contradictions, le style d'écriture, n'ont pas emporté l'absolue  adhésion du milieu littéraire, lors de la sortie du roman.  Pour l' adaptation au théâtre,  la  traduction contemporaine du texte (roman dédié à Elisabeth Craig, et qui décrocha le prix Renaudot en 1932),   est assurée par Cecile Inglessis Margellos. En 1933, pour la traduction du roman en russe,  Elsa Triolet y participa, en tant que conseillère. Mais la critique  trouva la version "amputée et quelque peu trahie". En cette année 2014, à Marseille, au théâtre du Gymnase,puis en tournée internationale,  c'est le comédien Jean-François Balmer qui est à nouveau   Bardamu : personnage principal de "Voyage au bout de la nuit"(adaptation de François Massadau et mise en scène de Françoise Petit). Il avait déjà joué le rôle en 2012, au Théâtre de l'Oeuvre, avec succès. La condition humaine, l'apparente dérision appliquée à des faits importants et graves : la guerre, la misère, la maladie, forgent la trame de cette pérégrination pesante et sombre, portée par un héros de l'ordinaire. De quoi effectivement nourrir une interprétation et un jeu à la mesure d'un talentueux  acteur,  et d'un exceptionnel metteur en scène.  

Du 5 mai au 4 juin 2014: " Iphigénie"( Ἰφιγένεια) est reprise par l'auteur, enseignant, directeur d'atelier, et metteur en scène:  Jean-René Lemoine ( Prix Emile Augier) . Pour cette création mondiale franco-grecque, c'est la comédienne Lena Papaligoura, λένα παπαληγούρα,(prix Mélina Mercouri), qui tient le rôle principal. Effi Yannopoulou a été chargé de la traduction du texte. 
Depuis l’œuvre d'Euripide, Iphigénie,  (d'Aulis en Tauride, jusqu'à son tombeau de Brauron (Βραυρών) ), ce sont Glück, Racine, Goethe qui se sont emparés du thème antique de la jeune fille sacrifiée, pour apaiser le courroux des Dieux, et apporter la victoire. Dans la plupart des narrations de l'événement, le crescendo de l'intensité dramatique du récit  atteint l'apogée lorsqu'au dernier moment,  la mort est évitée. Et la victime épargnée deviendra prêtresse, déesse, assimilée à Artémis. Mais il en existe d'autres  versions où Iphigénie, n'échappant pas à son destin,  est immolée.
Si le théâtre, la musique, la littérature se sont passionnés pour le sujet, les Beaux-Arts y ont  également puisé l'inspiration . Les peintres : F. Perrier (en 1633), Torelli (en 1730), Tiepolo....,  ainsi que les sculpteurs Houdon, R-M. Slodtz (1737)... . ont représenté l'héroïne sous des traits certes avenants, mais  empreints de gravité, de désespoir et de  tristesse.
IPHIGENIE  :
Iphigénie - R-M. Slodtz
" Mon père,
Cessez de vous troubler, vous n'êtes point trahi.
Quand vous commanderez, vous serez obéi.
Ma vie est votre bien ; vous voulez le reprendre :
Vos ordres sans détour pouvaient se faire entendre.
D'un oeil aussi content, d'un coeur aussi soumis
Que j'acceptais l'époux que vous m'aviez promis,
Je saurai, s'il le faut, victime obéissante,
Tendre au fer de Calchas une tête innocente,
Et respectant le coup par vous−même ordonné,
Vous rendre tout le sang que vous m'avez donné."

(extrait de la pièce de J. Racine (1675) - acte IV- scène IV )

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lundi 12 mai 2014

Con lo sguardo di Marcello...

Une palme pour des étoiles
Cannes, du 14 au 26 mai 2014, offre la 67e édition de son cultissime Festival de Cinéma. Une fois encore,  le tapis écarlate sera foulé par une pléiade de stars,  prenant la pose au pied des marches de l'escalier du Palais, pour la plus grande joie du public et des photographes.
Défilé de smokings, de robes de soirée, de sourires de circonstances : la manifestation attire toujours autant de badauds et d'inconditionnels. L'époque des starlettes en mal de rôle est peut-être révolue, mais, signe des temps actuels, les People  font,  plus que jamais,  recette. Si la magie n'est plus, comme la nostalgie, ce qu'elle était, la part du rêve, elle,  est encore possible et accessible,  à condition de se trouver au moment clé sur la Croisette.

Plusieurs personnalités de la sphère cinématographique (actrices,  acteurs, réalisateurs, metteurs en scène ..) officient à des postes incontournables de tout festival. Ainsi, cette année, ont été choisis dans la profession : 
 Lambert Wilson, pour être  le Maître de cérémonie
Le festival dans son ensemble est placé sous la présidence de Jane Campion 
La Présidente du Jury de La caméra d'or : Nicole Garcia
Le Président du Jury Un certain regard : Pablo  Trapero
L'invitée d'honneur de Cannes classics : Sophia Loren
Le président du jury de Cinéfondation et courts métrages : Abbas Kiarostami
La sélection officielle fait toujours débat. Cette année n'a pas manqué à la tradition. La compétition n'en est que plus âpre, car cette sélection se veut éclectique, glamour, très représentative de la tendance, allant du biopic au thriller, en passant par le drame (genre largement représenté)  et le film historique. De quoi répondre à pas mal d'attentes, par des  découvertes inespérées et, pourquoi pas,
d 'agréables surprises, ou  de  sensationnelles révélations ?  Les frères Dardenne sont du lot des 18 élus, avec leur  film: "Deux  jours,  une nuit ", autre sélectionné, celui de Bertrand Bonello  : " Yves Saint Laurent", et un Godard: " Adieu au langage" .
Derrière la grande industrie du cinéma, la grosse machinerie aux enjeux économiques, touristiques,  commerciaux, les prix décernés, les récompenses, le festival international de Cannes c'est aussi une ribambelle de souvenirs peuplant la mémoire collective.
 - Des images:  la foule qui se presse autour de Brigitte Bardot, le sourire admirable de Michèle Morgan, l'élégant Yves Montand accompagné de l'incomparable Simone Signoret., le séduisant  Robert Redford, la belle Sophia Loren ..
- Des thèmes musicaux :" Le troisième homme" , "La dolce vita" , "Un homme et une femme"
- Des titres : La symphonie pastorale  , Le guépard,  Le pianiste, Adieu ma concubine,
- Des commentaires : ceux de François Chalais (Reflets de Cannes)  et de France Roche.
Palme d'or de Cannes, Ours berlinois, ou Lion d'or du festival vénitien, le grand écran  est récompensé, créant parfois la polémique, mais quêtant toujours l'adhésion du public: ces foules anonymes qui viennent chercher dans les salles obscures la distraction, le rire, l'émotion, le rêve, ou la réflexion. Fidèles spectateurs qui suivent (parfois de trop près) la vie des artistes, en confondant la fiction embellie avec la réalité du quotidien, la star des caméras et des podiums avec l'être de chair aux fêlures si humaines.
Sur l'affiche( Lagency/Taste) du festival 2014  : Le talentueux acteur italien, le regretté Marcello Mastroianni,  contemple de son regard d'éternel séducteur, tout ce joli monde ,  par-dessus la monture de ses lunettes noires . Cannes : questo è così ! 


Pour en savoir plus
https://www.youtube.com/watch?v=RRoOPwurAuo
http://www.festival-cannes.com/fr.html
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18633828.html


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dimanche 11 mai 2014

Dance : evolution and revolution

Depuis le temps de  Marius Petipa,  l'univers de la danse classique a cheminé à grandes enjambées au cours du XXe siècle. Cette évolution est portée par la volonté et le talent de quelques célèbres danseurs-chorégraphes, hommes et femmes,  qui ont su s'appuyer sur la tradition afin de mieux s'en démarquer : Nijinski, Maurice Béjart , Carolyn Carlson, Pina Bausch, Blanca Li...
La Flamande Anna-Theresa  De Keersmaeker , née en 1960, fait partie de ce mouvement novateur, qui a révolutionné la chorégraphie et le monde de la danse. Sa perception personnelle du métier, accordant une place primordiale à la musique, s'est développée autour d'une structure stricte, dépouillée, mettant en valeur l'individualité au sein du groupe.
Quelques dates dans un parcours d'exception, avec divers points forts  dont la création de 35 chorégraphies :
1978-80 : passage à l'école Mudra ( Maurice Béjart)  puis séjour et formation aux USA
1982 : "Fase" (création de ballet )
1983: formation de la Compagnie Rosas
1988:  Ottone, Ottone (ballet)
de 1989 à 2012 : Obtention de divers prix

1995: P.A.R.T.S. (Performing Art Research and  Training Studios)
de 1995 à 2013 : Attribution de  plusieurs titres et distinctions 
1997: Just before
1998: Drumming
2001: Rain
2002: Once (musique de Joan Baez)
2008: The song
2010:  En attendant
2011: Cesena (en diptyque avec : En attendant)
2013: Partita ( musique de J-S. Bach - violon : Amandine Beyer) . Une année marquante avec la création en octobre, en Allemagne, de Vortex Temporum (sur une musique de Gérard Grisey, avec la troupe Rosas et les musiciens du groupe Ictus ) à Lille du 10 au 12 décembre.
https://www.youtube.com/watch?v=q2to2pXy4_U
 L'après-midi d'un faune :le thème , emprunté initialement au poème de Stéphane Mallarmé sur une musique de Claude Debussy, a fait déjà l'objet, en 1912,  d'une chorégraphie ambitieuse et innovante par Nijinski. Plus d'un demi-siècle plus tard,  Rudolf Noureev l'a repris, en 1979, en y donnant sa propre interprétation. Et c'est en 2006 que A.T. Keersmaeker reprend le sujet, à sa manière, sous le titre "Prélude à la mer" (danseurs: Cynthia Loemij et Mark Lorimer, filmés par Thierry de Mey),  à découvrir sur numeridanseTV, ou sur la vidéo faite pendant les répétitions, lors de la création  à Montpellier (festival de danse)
https://www.youtube.com/watch?v=Hv5iGGeKyKk

A la fois musicienne (flûtiste) et danseuse, Anna Theresa  De Keersmaeker  s'imprègne surtout  du rythme,  afin de rompre avec les contraintes traditionnelles de la danse classique,  libérant ainsi l'expression corporelle. Mouvements déliés, souples, de vie, d'entrain, gestuelle et costumes épurés, espace peuplé de spirales, la chorégraphie anime toute la place scénique. Subtile, précise, sans être oppressante, soutenue par la cadence, la déambulation s'effectue par la marche, en pas  glissés, sautés, chassés. Le saut, la course s'intègrent aussi bien dans la chorégraphie, selon le thème,  que la posture assise ou couchée. Le corps entier  exprime , suggère, mime, s'abandonne à l'élan vital qui le fait se mouvoir. La grâce, comme dans la danse classique,  est, certes,  toujours présente, mais elle peut s'effacer devant la force, la vivacité, et le geste répétitif qui accentuent une représentation particulière et déterminée.
 Deux maîtres mots : la danse et la musique, génèrent et canalisent  cette énergie mise au service de l'art. La démarche  est inspirée de celle des  précurseurs, qui, à leur époque (au début du XXe siècle),  a suscité l'étonnement, la critique mais non l'approbation. Le temps ayant fait son œuvre d'accoutumance à la nouveauté, vinrent l'acquiescement, la compréhension, puis, l'engouement. Le ballet contemporain a largement gagné sa place dans le monde de la danse.  Et la recherche chorégraphique a ouvert sa palette aux influences multiples des évolutions codées sportives actuelles, telles:  le Hip Hop et la Break Dance. (voir le spectacle : "Rock it all tour ", du  champion du monde de la discipline : le jeune chorégraphe Brahim Zaïbat, de sa troupe, et des "guest" ).
Des vocations, des suiveurs, émergent de ces nouvelles troupes de danseurs. La danse , la chorégraphie sont portées par une demande toujours grandissante et des attentes correspondant aux vœux d'un public de plus en plus difficile et  averti. Lorsque l'on connaît les exigences  de ces disciplines pour parvenir et se maintenir au plus haut niveau (entraînement physique régulier et   intense, hygiène de vie, et  grande motivation), on en mesure alors toute la valeur. Celle ou celui qui choisit ce genre de carrière ne va certes pas vers la facilité, mais quelle satisfaction lorsque le succès et la gloire couronnent le parcours !


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mardi 6 mai 2014

Peter Doig au MBAM

Les lieux de culture sont d' indispensables et précieux îlots,  où les artistes et le public ont rendez-vous. Théâtres, salles de concert, musées ... autant de bâtiments pour des rencontres riches et valorisantes autour du beau et de la créativité. La pédagogie du XXe siècle en a compris tout l'intérêt, et a su, peu à peu, intégrer des projets d'initiation et de découvertes, aussi bien dans les locaux scolaires que par la fréquentation des lieux culturels, avec , parfois, "in live" la participation des artistes.
Le MBAM : Musée des beaux Arts de Montréal (Canada), a été fondé en 1860 . Depuis cette date, la structure a changé d'adresse, mais c'est toujours un lieu de culture de grande envergure.  Actuellement c'est un ensemble de 4 bâtisses (une 5e est prévue)  dévolues à l'art. Chacune  est  respectivement ciblée : art moderne, art ancien, art contemporain, national et international. Le Musée abrite en son sein, outre une bibliothèque,  une importante collection de 38 000 objets.
Peter Doig : peintre contemporain, d'origine écossaise, né en 1959.
Après un parcours  international semé d'éloges,  de récompenses, et de reconnaissance,  pour un style résolument personnel, c'est, en 2013  (d'août à novembre) , un retour aux sources, avec une exposition  à la National Gallery of Scotland (Edinburgh).
Depuis janvier 2014 et jusqu'au 4 mai de cette même année, le MBAM ( pavillon Richard et Renata Hochstein) accueille  l'exposition titrée : "Nulle terre étrangère"( No Foreign  Lands). L'artiste ne se retrouve pourtant pas   tout à fait en terre inconnue,  puisqu'il a séjourné quelques années (enfance et adolescence) dans ce pays, où il expose ses œuvres, sous  ce titre interpellant plus que jamais le visiteur.  La référence à une citation de  R-L. Stevenson ( célèbre auteur et voyageur de la moitié du XIXe s. , compatriote du peintre) n'échappe à personne :
 " There are no foreign lands. It is the traveller only who is foreign". (in "The Silverado Squatters " -1883)
 Artiste vivant dont la production est l'une des plus cotée de la planète, Peter Doig ne laisse pas indifférent. Sa technique, son travail d'observation et de restitution dans la création en s'inspirant de photographies, ses choix de teintes (pastellisées ou crues) , tout comme sa maîtrise des formes, fondues en harmonie avec le décor, ont modelé, sans renier les références,  un talent particulièrement frappant. S'extraire du réel, avec poésie, sans s'en arracher  brutalement, pour ne pas trahir, mais afin d' aller vers l'abstraction, pourrait relever du paradoxe. Or, le plasticien ne peut y parvenir sans maîtriser son art. Pari réussi pour Peter Doig et ses toiles. Barques vides, ou lestées de passagers, voguant sur des ondes tranquilles aux berges envahies de denses végétaux colorés: est-on vraiment loin de Cythère  ou du paradis perdu ?
Depuis plus d'une décennie, le peintre réside à Trinidad,  qui constitue, d'après ses déclarations,  une étape supplémentaire, de recherches et de mises en application,  dans  une vie artistique déjà bien remplie.

Pour en savoir plus :
https://www.youtube.com/watch?v=_IKe529_2kM

On peut se procurer le catalogue de l'exposition, en version française ou anglaise,  à la boutique du Musée.
infos générales sur l'exposition : 
www.mbamtl.org

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vendredi 2 mai 2014

"Gabo " : le départ d'un Nobel

Gabriel Garcia Marquez, ( "Gabo"),  prix Nobel de littérature (en 1982),  vient de s'éteindre, en ce mois d'avril 2014. L'écrivain colombien laisse l'empreinte d'un géant. Celui qui fut nouvelliste, journaliste, romancier, chroniqueur, poète,critique de cinéma,  n'a pas craint d'exprimer (via divers médias) ses opinions politiques dans un contexte difficile. En ce domaine,  certaines de ses positions et amitiés ont été controversées.
Interrogé sur sa carrière et sa notoriété, il répondit qu' il pensait que par l'attribution d'un prix aussi prestigieux que le Nobel, c'était toute la littérature sud-américaine qui était enfin reconnue et mise à l'honneur. 
Succès phénoménal, pour son ouvrage  "Cent ans de solitude",   vendu dans le monde en 30 millions d'exemplaires, et qui fut traduit en 35 langues. Le roman est pétri par les souvenirs d'enfance, notamment  par celui de sa grand-mère, narratrice incomparable mêlant les faits authentiques aux récits imaginaires et fantastiques. "Gabo" a ainsi nourri son style  et développé les histoires du passé, en y apportant son propre ressenti, sans occulter la réalité des événements historiques et politiques. Il crée donc  un travail d'écriture spécifique et personnel, où se mêlent, dans un même récit,  plusieurs genres littéraires, des références multiples, l'exposition des problèmes liés aux  relations sociales, et familiales.
Se jouer du rationnel, en entraînant le lecteur dans un mouvement oscillatoire entre présent et
flashback, voir les thèmes de manière générale mais  les recentrant progressivement vers le particulier et le détail, donner de l'importance aux faits plus qu'aux personnages eux-mêmes, sont  au nombre des figures stylistiques choisies par l'auteur, dans la rédaction de ses ouvrages. Cela constitue sa particularité, sa "plume".
La production littéraire de G.Garcia Marquez  constitue une étape importante pour la littérature latino-américaine. Avec lui, on a pu noter  l'émergence d'un courant et même  d'une réelle  impulsion, qui, loin des préjugés, et des jugements hâtifs défavorables,  (re) mettait en valeur  les racines, la culture, et les traditions, de tout le continent sud-américain. Ce fut aussi redonner la force à l'écrit, qui, en plus du témoignage journalistique des bouleversements multiples et douloureux subis par la population, a permis d' insuffler une énergie nouvelle à la narration romancée. 
Outre ses activités d'écrivain, G. G. Marquez s'intéressa aussi au Grand Ecran, en tant que critique, certes,  mais  il a aussi participé à plusieurs créations,  fondations, et adaptations (de certains de ses romans):
- la FNC : la Fundación del Nuevo Cine Latinoamerican (1985)
- l'EICTV: la  Escuela Internacional de Cine y Televisión (1986)
Parmi les romans, nouvelles , articles publiés  :
- Pas de lettre pour le colonel (1959)
- Cent ans de solitude (1967)
- Chronique d'une mort annoncée (1981)
- L'amour au temps du choléra (1985)

Thèmes revenant fréquemment,   dans les écrits de Gabo: el escritor,  la vie et la mort dansent une ronde implacable autour des mots, avec les sentiments la notion de temps qui passe, la fatalité, la prémonition, la prédestination. tel un combat dont on connaît, et doit accepter, la fatale  issue.

 " Sólo entonces comprendí que morir es no estar nunca más con los amigos."
 (extrait du prologue de  "Douze contes vagabonds"   )
Les ouvrages de G.Garcia Marquez, devenus références, gardent en leur sein les divers messages que l'auteur a laissés en héritage aux lecteurs qui voudront bien en trouver, à travers les lignes,  la charge symbolique, et la portée philosophique. Celle d'un regard personnel,  aiguisé,  sur  ses concitoyens , ses congénères, et sur le monde.

"La paz es como la felicidad. Se dispone solamente a plazos y se sabe lo que se tenía después de que se ha perdido". (G.G. Marquez, en el Diario "Die Welt", 1988).





                                                           Hasta la vista señor Marquez!


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jeudi 1 mai 2014

2014: Luis et Louis centenaires.

Deux grandes figures marquantes du spectacle, deux  fortes personnalités sont rappelées à la mémoire collective en cette année 2014. En effet, il y a un siècle naissaient Luis Mariano et Louis de Funès. Hommes de scène, de grand écran, de talent, dont les parcours se rejoignent sur un thème commun : distraire le public. Certes leur domaine d'intervention respectif : l'opérette, la comédie, ne rallient pas tous les suffrages; Boudés par la critique, galvaudés, moqués, et parfois méprisés par des auditoires élitistes, ces genres ont pourtant ravi des générations de spectateurs en apportant le succès à leurs protagonistes. Combien de rires ont fusé, combien de refrains furent  fredonnés, grâce aux dons et à l'incomparable professionnalisme  de Louis et de Luis
Luis Mariano (1914-1970): ténor basque à la voix inimitable, au charme et à la silhouette de jeune premier hispanisant, a su enchanter, durant toute sa carrière,  les théâtres et les salles de spectacles, en entraînant dans son sillage des milliers de fans, dont l'affection fidèle l'a suivi au-delà du trépas. Cet ancien élève de l'école des Beaux Arts de Bordeaux fréquenta  aussi le Conservatoire.  Clarté du timbre, prononciation impeccable, émotion, sensibilité dans l'interprétation, puissance vocale, répertoire populaire ( 800 chansons, dont des œuvres de Francis Lopez, essentiellement,  mais aussi quelques mélodies classiques), l'art de Luis Mariano a rassemblé plusieurs qualités qui ont façonné "la légende".  Admirablement assisté dans de nombreuses prestations par des partenaires exceptionnels (Carmen Sevilla, Annie Cordy, Bourvil ... ), le chanteur s'est essayé au cinéma  (20 films) dans des rôles faisant la part belle aux chansons, dont les titres, devenus emblématiques, fleurissaient dans les cœurs, et sur les lèvres, des inconditionnels admirateurs et admiratrices. On a souvent donné des titres qualificatifs à  Luis (Mariano Eusebio González y García , de son vrai nom) :  " Séducteur hidalgo à la voix d'or", "Chanteur à la voix de velours"... mais celui qui le caractérise le mieux est :"Prince de l'opérette".
à consulter : le site  -   http://www.luismariano.com/mariano/index.asp
à savoir : le projet d'un musée Luis Mariano à Irun  
à écouter : http://www.dailymotion.com/video/x4j474_luis-mariano-granada_music

Louis de Funès (1914-1983): pianiste à ses débuts, il a patiemment fait son chemin,  de petits rôles de figurant aux seconds rôles, pour parvenir avec éclat au vedettariat. Sachant faire passer,  sur son visage très mobile, maintes expressions en un temps record, il a fait du mime un art en complément de son jeu comique. Au moyen de vrais faux coups de colère, agrémentés d'une énergie phénoménale, l'acteur a su donner des lettres de noblesse au comique,  sans être grotesque. Forcer le trait  en dosant l'interprétation, tout en étant  toujours crédible, en dépit de situations rocambolesques, inattendues,  c'était également, pour Louis de Funès de Galarza ,   mettre le spectateur "dans la confidence", dans la connivence. Le citoyen lambda  pouvait certes se reconnaître, et, en même temps, rire de scènes calquées sur la vie quotidienne,  sans avoir la sensation d' être ridicule.
En compagnie d' acolytes prestigieux (dont : Y. Montand, M. Galabru, J. Gabin, A. Bourvil, J. Marais, C. Gensac, A. Girardot ..) on compte dans la carrière de Louis de Funès, près de 140 films à son actif,   dans lesquels il joue, parfois en costume d'époque,  sur plusieurs  registres:  du roublard  émotif, au français moyen malin et débrouillard,  en passant par le père faussement sévère, le gendarme intransigeant,  ou le fonctionnaire tatillon inflexible. Derrière les célèbres mimiques, quelques grimaces et contorsions, il y a tout le jeu de l'acteur, la sensibilité, l'implication, qui rendent si accessibles, si humains,  chacun des personnages interprétés. Si le succès fut au rendez-vous avec autant de ferveur, c'est que l'homme avait une certaine maîtrise de ses capacités, en mesurant la part innée de la vis comica.
A Cellier ( Loire Atlantique) ouverture du Musée Louis de Funès :
http://www.museedelouis.org/ 
à revoir: https://www.youtube.com/watch?v=l30ONNO50So

Les générations de la fin du XXe siècle n'ont pas manqué de reconnaître l'impact et l'influence des ces 2 artistes sur leur vocation. De nombreux chanteurs se réclamant de Luis Mariano, et, maints fantaisistes, de Louis de Funès. Alors, en ces dates commémoratives, les hommages n'ont pas manqué. Sous forme de reprises, de documentaires, de concerts, de rediffusions d' anciennes émissions télévisuelles, ou d'interviews radiophoniques, la mémoire a été activement ravivée... Gratitude, pérennité et marque du talent, nostalgie d'une époque, les motivations se conjuguent aux évidences pour le bonheur du plus grand nombre.

Free lance Writer
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