mardi 8 mars 2016

Jérôme Bosch, l'éloge de la folie

Du" Jardin des délices"  à " La nef des fous"  le peintre néerlandais Jérôme Bosch  (Jheronimus van Aken : 1450-1516) a cerné, de sa palette,  les tourments de l'âme humaine entre Paradis et Enfer.  
2016: Cinq siècles après sa disparition,  son œuvre est rappelée et célébrée, en divers
lieux,  à travers maintes expositions.
- Dans sa ville natale, ‘s-Hertogenbosch (Bois-le-Duc) : depuis le 12 février au 8 mai, grande rétrospective des œuvres originales au Noordbrabants Museum. sous le titre "Visions d'un génie" . Il y sera présenté pour la première fois une toile exceptionnelle, récemment attribuée au Maître, " La tentation de saint Antoine".
- A Madrid :du 31 mai au 11 septembre au musée du Prado
 D'autres manifestations se sont déroulées autour de la production de Jérôme Bosch :
- A  Venise : "Le triptyque de Santa Liberatà", restauré récemment,   fut visible  à la Galleria de l' Accademia jusqu'au 7 février
-  A Rotterdam : au musée Boijmans van Beuningen,  une évocation de la vie quotidienne au XVIe siècle à travers les tableaux de plusieurs artistes (dont Jérôme Bosch) était proposée,  depuis le 10 octobre 2015 jusqu'au 17 janvier 2016, sous le titre " De Bosch à Bruegel , la naissance de la peinture de genre".
La nef des fous (1500)
Si le  style pictural très personnel de J. Bosch (qui fut membre de l’œcuménique Illustre Confrérie de
Inscription de J. Bosch à la Confrérie
Notre-Dame - Illustre Lieve Vrouwe Broederschap
)  est rattaché au courant des peintres  primitifs flamands, on lui reconnaît cependant une fertile  imagination d'interprétation des thèmes. Ces déclinaisons surprenantes dans des peintures  comme   La nef des fous et le triptyque   du Jardin des délices ne manquent pas de faire songer aux écrits  de son concitoyen et contemporain Erasme (Desiderius Erasmus Roterodamus: vers 1467- 1536) dans "L'éloge de la folie" . Certes l'humour, la dérision, la satire sarcastique sont présentes, mais dans une époque telle que le début de la Renaissance  (charnière entre le XV e et le XVIe siècles), c'était risquer de prêter le flanc à la réprobation. L'univers artistique de J. Bosch rappelle quelque peu celui de  la Comedia de Dante Alighieri.
                                                     
Le Jardin des délices (1503-1504)
Contorsions des corps, visages extasiés ou tourmentés, scènes grotesques, scabreuses, désespérées, poétiques,  ou inattendues et décalées, préfigurent également  le monde des œuvres de Dali. Faut-il y voir  seulement l'imaginaire au pouvoir, ou le fantasme, la transfiguration des passions humaines, la personnalisation des objets,  la transcription des désirs refoulés ou celle de l'éternel combat entre les vices et les vertus ?  D'un Eden de légende au  Memento mori, en passant par  l'Ars moriendi, c'est un  foisonnement d'individus disparates dans un environnement végétal luxuriant. On oscille aussi  entre fantasmagorie, surréalisme, hyper-réalité. et symbolisme parfois teinté d'ésotérisme. 

Force créatrice innovante, originalité, art de la mise en scène, maniements des pigments, agencements des attitudes des personnages : rien n'est laissé au pur hasard. Même si, pour certains observateurs et critiques,  la folie semble émerger de ces productions littéraires et esthétiques, la raison tangible n'en est jamais éloignée. Fil conducteur , elle transpose la réalité,  régit le geste, ou le verbe,  qui se veut précis, fidèle, évocateur sans trahir l'idée. Le succès qui franchit les siècles en suscitant toujours autant d'intérêt , d'interrogations autour de ces œuvres, est le garant de leur pérennité.
Emplacement actuel des tableaux :
- La nef des fous ( Paris- Musée du Louvre)
- Le jardin des délices (Madrid- Musée du Prado)

A savoir : "La nef des fous " faisait  partie d'une œuvre, aujourd'hui scindée,   au format plus important  (triptyque) . Les seules parties encore visibles sont : "La mort de l'avare" ( au National Gallery of art -Washington) ) et "Allégorie de la débauche et du plaisir" ( au Yale University Art Gallery- New Haven).
A découvrir  aussi l'importance des dessins à la plume et à l'encre, sur papier


                                                                                  


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